Piero Manzoni, « Achrome », 1958-1959, Koalin sur toile plissée, galerie Tornabuoni. Enrico Castellani, « Superficie bianca », 2001, acrylique sur toile enfoncée et soulevée; Galerie Tornabuoni Lucio Fontana, « Concetto spaziale », 1962, huile, trou et grafitti sur toile, galerie Tornabuoni. Alighiero Boetti, « Sciogliersi come neve al sole »,galerie Tornabuoni
Les toiles à couleur unique ne sont pas une nouveauté. Sans parler de monochromie, chacun a déjà contemplé les grisailles des maîtres flamands présentant des paysages maritimes. Au XIXe siècle, les portraits en clair-obscur à dominante brune et grise d’Eugène Carrière s’approchent du concept de l’œuvre à couleur unique.
Mais il faut attendre le XXème siècle pour que les artistes utilisent une seule couleur sur une toile. Le bleu Klein est ainsi devenu une référence. Et les toiles-éponges bleues de l’artiste s’arrachent dans les ventes aux enchères à des prix stratosphériques. Plus proche de nous, le noir Soulages fait un malheur et a même eu droit aux cimaises du Centre Pompidou.
Quant au blanc, poussez les portes de la galerie Tornabuoni à Paris pour avoir une idée de la fascination exercée par cette couleur sur les artistes italiens. Tandis que Klein expérimentait le bleu mais aussi le rose, Lucio Fontana réalisait également dans les années 50 ses premiers monochromes perforés ou zébrés, les fameux « Concetto Spaziale ». Ils sont souvent de couleur vive (rouge, vert, bleu) mais l’artiste a également expérimenté le blanc. Il y concrétise ses recherches sur la lumière, le blanc soulignant, selon le catalogue de l’exposition « l’immensité immaculée des espaces expérimentaux à conquérir ».
D’autres italiens plongeront corps et âmes dans le blanc.
C’est le cas de Piero Manzoni avec sa série de peintures intitulées « Achromes ». Ses toiles sont plissées et trempées dans une solution de kaolin. Le relief ainsi créé est saisissant et rend l’œuvre vivante, presque mouvante.
Enrico Castellani, qui a déjà été exposé par la galerie Tornabuoni, donne également à voir des toiles piquetées, formant des cônes réguliers et d’une blancheur immaculée. Il en résulte une monotonie assez envoûtante presque hypnotisante même si l’artiste cherchait surtout avec cette non-couleur qu’il qualifiait « d’innocente couleur de zéro » à créer quelque chose d’aussi objectif que possible.
Autre artiste italien incontournable : Alighiero Boetti, lié à l’Arte Povera, est surtout connu pour ses toiles « cartes du monde » et ses patchworks de lettres colorées. Et pourtant lui aussi a réalisé des œuvres monochromes d’un blanc laiteux dans lesquelles le regard s’égare comme dans un rêve.
Bref, le blanc c’est fascinant !
Galerie Tornabuoni, 16 avenue Matignon, 75008 Paris. Exposition « Bianco Italia » jusqu’au 20 juillet 2013.
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1 commentaire
Mystère
Cette exposition est de qualité, ayant eu l’occasion de m’y rendre avant que vous n’en fassiez l’objet d’un article. Je ne puis que confirmez.