Les frères Kugel devant la toilette en argent doré de la duchesse de Mecklemburg-Strelitz de Johann Heinrich I Oertel et Gottfried Imlin, 1784 (copyright Hugues Dubois)
Tous les deux ans, la veille de l’ouverture de la Biennale, les frères Nicolas et Alexis Kugel proposent dans leur splendide hôtel particulier du quai Anatole France une exposition thématique. Elles sont toujours exceptionnelles. Cette année, le thème est « Vermeilleux, l’argent doré de Strasbourg du XVIe au XIXe siècle ». Autant l’avouer sans détour, je ne connais strictement rien à l’orfèvrerie. Je ne savais pas que la capitale de l’Alsace était réputée pour la qualité de ses orfèvres, les pièces produites reflétant l’influence germanique tout en suivant le style rocaille et néoclassique français. Un seul chiffre pour expliquer le succès de cette production strasbourgeoise: sur les plaques de la corporation des orfèvres appelée « tribu de l’Echasse » on dénombre plus de 500 poinçons entre 1540 et la révolution.
Ours de Dibolt Krug (vers 1570-1580), service Mecklemburg, timbale (vers 1740) (copyright: Guillaume Benoit).
L’orfèvrerie de Strasbourg a séduit de grands collectionneurs comme les David-Weill, les Rothschild ou les Patino. Et on les comprend. Les pièces en argent doré présentées, une centaine et toutes à vendre, illustrent les styles pratiqués à Strasbourg au cours des siècles. La Renaissance allemande est évidente quand on contemple un gobelet en forme d’ours de Dibolt Kurg ou une série de gobelets gravés vers 1570 par Georg Kobenhaupt.
Coupes et pièces d’influence germanique, Strasbourg vers 1570-1600, (copyright: Guillaume Benoit)
Puis on s’attarde devant la virtuosité de la moindre timbale. On s’étonne de la délicatesse et du raffinement des écuelles (une dizaine) avant d’être ébloui par la somptuosité des toilettes de la noblesse allemande. La plus impressionnante, la plus décoiffante, de style rocaille, est celle de la duchesse de Mecklemburg-Strelitz réalisée en 1784 par Johann Heinrich I Oertel et Gottfried Imlin. D’un style néoclassique plus sobre, moins ostentatoire, la toilette de la comtesse von der Leyen, conçue cinq ans après, est magnifique.
Courrez vite chez les Kugel. Vous en sortirez étourdi devant tant de splendeurs. Vous serez totalement évermeillé !

Toilette en argent doré de la comtesse von der Leyen, Strasbourg, 1789, par Johannes Jacob Kirstein et Carl Ludwig Emmerich (copyright: Guillaume Benoit)
« Vermeilleux, l’argent doré de Strasbourg du XVIe au XIXe siècle », galerie Kugel, jusqu’au 8 novembre, du lundi au samedi de 10h30 à 19h.
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1 commentaire
mister k
Superbe c’est vraiment vermeil ou merveilleux cet ensemble. Merci pour ce bel article