En deux soirées consacrées à l’art contemporain, Christie’s et Sotheby’s ont vendu pour 324 millions d’euros d’œuvres d’art (illustration d’ouverture montrant la vente Sotheby’s du 10 février avec une oeuvre de Fontana vendue 11,3 millions d’euros et le Richter vendu près de 41 millions d’euros). Il faut avouer que la sélection de tableaux proposée par les deux maisons de ventes était plus qu’alléchante et avait de quoi titiller le « prurit collectionneur » des riches amateurs.
Entre Twombly, Basquiat, Warhol, Bacon, Fontana ou Klein il y avait le choix. Christie’s vendait un Twombly pour près de 26,5 millions d’euros, une étude de la tête du pape Pie XII par Bacon pour 13,5 millions d’euros, un superbe Basquiat atteignant 5,9 millions d’euros. Sotheby’s adjugeait un autoportrait en forme de diptyque de Bacon 19,8 millions d’euros, un merveilleux Concetto Spaziale de Fontana 11,3 millions d’euros, et un bleu monochrome de Klein 8,2 millions d’euros.

Vente Christie’s du 11 février avec une oeuvre de Twombly adjugée 26 472 963 euros et en arrière-plan le « Lac de Lucerne » de Gerhard Richter vendu 21 200 563 euros.
Mais un artiste surpassait tout le monde : Gerhard Richter, à mon sens le plus grand peintre contemporain actuel. Lui qui déclarait « j’ai une santé moyenne, une taille moyenne (1,72 m), je suis moyennement beau. Si j’évoque ceci, c’est parce qu’il faut avoir ces qualités pour pouvoir peindre de bons tableaux » est loin d’être un artiste mineur. Passant avec une virtuosité étonnante de l’abstraction à la figuration, ses toiles sont habitées, intenses, douces ou tristes. De couleurs vives ou grises comme une photographie ancienne usée par le temps, elles attirent le regard et vous ne pouvez plus vous en détacher. En 2012, une belle rétrospective lui était consacrée au Centre Pompidou à l’occasion de ses 80 ans.
Richter ne fait pas la une des journaux. Il est vrai que l’artiste est discret, peu bavard et fuit les interviews et les mondanités bling bling qui agitent le petit monde de l’art contemporain. Gerhard Richter est l’antithèse de Jeff Koons. C’est un artiste dans le sens classique du terme.

Gerhard Richter, « Karmin » 1994. Prix: 12 915 363 euros. Vente Christie’s Londres, 11 février.
Peu connu du grand public, il a pourtant une cote solide auprès des musées et des collectionneurs avertis. Les prix de ses œuvres ne cessent de monter. A Londres, le 10 février, Sotheby’s a établi un record du monde pour l’artiste. « Abstraktes Bild », une grande toile solaire et puissante, a séduit un collectionneur américain pour la somme de 40 955 359 euros. Un autre tableau de Richter « Wolken (nuages) » était acheté par un autre américain pour près de 5,5 millions d’euros. Christie’s proposait une vision monochrome du lac de Lucerne, sombre et romantique. Elle a obtenu 21 200 563 euros alors qu’une toile rouge et abstraite « Karmin » atteignait 12 915 363 euros.

Gerhard Richter, » Wolken (nuages) ». Prix: 5 483 805 euros. Vente Sotheby’s Londres, 10 février.
Manifestement je ne suis pas le seul à penser que Richter est le plus grand des peintres d’aujourd’hui ! Je rêve d’appartenir à la catégorie des milliardaires pour m’offrir une toile de Richter et l’accrocher dans mon salon. La contempler le matin au lever et le soir au coucher m’apporterait ma dose quotidienne de bonheur.
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2 commentaires
Donders
Merveilleuse description de l’œuvre de Richter, qui donne l’envie de se plonger plus profondément dans son œuvre.
Transat
Je l’ai découvert en 2012 à Beaubourg : quelle claque ! depuis je valide frénétiquement mes tickets de loto, hélas toujours en vain…
Je viens d’aller voir Koons, à Beaubourg également : il a des idées, et manifestement il est très obstiné. Je ne sais pas si cela suffit à faire un artiste. En tout cas, il n’a rien éveillé en moi de comparable à Richter, devant les œuvres duquel je pourrais passer des heures.