Le jaune c’est le soleil, l’été, le midi. Le bleu c’est le ciel, la lumière, le printemps. Ces deux couleurs, les artistes les chérissent. Ils en usent et en abusent pour des résultats parfois décevants. Mais quand deux génies de la peinture l’utilisent, les yeux de l’amateur s’écarquillent, sa bouche s’ouvre et plus aucun son n’en sort car il approche de la béatitude. En mai à Manhattan, le 5 et le 12 pour être plus précis, deux ventes de Sotheby’s permettront aux plus riches d’entre eux d’acquérir deux œuvres en jaune et bleu de deux grandes signatures. Ils pourront les installer dans leur salon et y créer ainsi une atmosphère propice au nirvana.
Vincent Van Gogh (1853-1890), « L’allée des Alyscamps », 1888. Estimation: plus de 40 millions de dollars. Vente Sotheby’s New York, 5 mai 2015.
La première date de 1888. Elle représente l’allée des Alyscamps à Arles. La lumière envahit la toile, le bleu le disputant à l’orange, au jaune et au vert. Les couleurs sont vives, clinquantes. Il fait certainement chaud, très chaud malgré la présence des grands arbres pourvoyeurs d’ombres. On aperçoit les sarcophages romains alignés tout au long de l’allée et les silhouettes presque fantomatiques des promeneurs. Le tableau est signé Vincent Van Gogh. Il a été peint par l’artiste lors de son séjour en Arles aux côtés de Paul Gauguin. Ce tableau magnifique devrait réaliser, selon les estimations plus de 40 millions de dollars. C’est plus que probable quand on sait qu’une nature morte au vase de fleurs de Van Gogh s’est vendue l’an dernier 61,8 millions de dollars à un collectionneur asiatique.
Mark Rothko (1903-1970), Untitled (yellouw and blue). Estimation: 40 à 60 millions de dollars. Vente Sotheby’s New York, 12 mai 2015.
La seconde toile a appartenu pendant plus de trente à la collection de Paul et Rachel (Bunny) Mellon. De grande dimension, elle alterne bandes jaunes et bleues. Ce jaune et ce bleu sont intenses, crus, bruts. Le tableau donne une impression de force, de puissance. Sa luminosité nous explose à la figure. Son auteur : Mark Rothko, pape de l’expressionisme abstrait. Réalisé en 1954, « anni mirabilis » pour l’artiste selon l’auteur de son catalogue raisonné David Anfam, il fait partie des vingt toiles peintes par l’artiste cette année-là. Sept d’entre elles sont déjà dans de grands musées. Il faudra compter entre 40 et 60 millions de dollars pour en devenir propriétaire !
Ventes Sotheby’s New York, 5 et 12 mai 2015
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3 commentaires
JOUFFROY
Pauvre Van Gogh! Heureusement qu’il n’est plus là pour constater, une fois encore, la bêtise des contemporains de notre époque. Voir une toile de merde composé, au fond d’une cave et en 10 minutes, d’une moitié bleue et l’autre jaune se vendre plus cher que son tableau peint sur le terrain « L’allée des Alyscamps », , en voilà une aberration pour le moins gigantesque. Il est vrai que la peinture, plutôt que d’être offerte à l’admiration du monde entier, ne sert que de refuge paradisiaque fiscal.
Gorry
Je suis du même avis que vous
vaidis
Si l’indignation est légitime, le jugement et le raisonnement ne le sont pas, ils sont ceux de sots qui ont le nez bien court !…