
Conor Harrington
« The killer inside me », 2012.
Estimation: 40 000 à 60 000 euros.
Je vais sans aucun doute être traité de vieille baderne cacochyme ne comprenant rien au monde moderne mais je dois vous confesser une chose inavouable. Bien souvent le Street Art, l’art urbain pour parler français, me laisse indifférent. Quand je ne considère pas être en présence de vulgaires gribouillages aux couleurs criardes ou d’imitations de bandes dessinées plus ou moins réussies, je m’interroge sur le sens de l’œuvre portée aux nues par les critiques. Prenez par exemple les créations d’Invader qu’on trouve un peu partout. L’artiste est connu pour ses carreaux de mosaïque installés au coin des rues. Dans les salons, on entend souvent « c’est génial ». Oui c’est génial mais uniquement comme publicité pour les émaux de Briare décorant nos salles de bains. Vous froncez le sourcil et envisagez de fermer cette page ?
Ne le faites pas et lisez la suite. Artcurial, dans le sillage de la Fiac, propose le 27 octobre prochain une vacation totalement consacrée à l’art urbain, un peu pompeusement nommée « The beautiful winner ». Parmi les 75 lots proposés, je ne cache pas que nombre d’entre eux me font soupirer d’ennui. En revanche, d’autres sont réellement splendides.

Bansky
« Kill people » 2003.
Estination: 120 000 à 150 000 euros.
Bien entendu, il y a Bansky et ses magnifiques pochoirs sur bois. Artcurial propose notamment « Kill people », un élément d’une palissade créée en 2003 en Australie. L’œuvre représente un enfant avec ses cubes. Sur ces derniers on peut lire Kill alors que sur le côté des bombes envahissement l’espace. Enfance, innocence et violence sont ainsi mélangées.
Une autre œuvre m’a emballé. C’est celle de Conor Harrington, pour moi jusqu’à présent un parfait inconnu. Cet irlandais de 35 ans mélange peinture classique, le plus souvent des portraits d’hommes en costumes d’époque, fonds d’or à l’image des icônes byzantines avec tous les codes de l’art urbain (couleurs vives, trainées de peinture). Le résultat est bluffant au point que je me suis précipité sur Google pour en savoir plus et en voir plus. Artcurial présente une grande toile intitulée « The killer inside me ». Un chasseur est assis devant nous le regard fier, une psyché sur le côté nous dévoilant son profil. A ses pieds, une biche morte qu’il vient certainement d’abattre lors d’une chasse à courre. De grandes bandes colorées détruisent l’ordonnancement du tableau faisant perdre au modèle sa superbe et son assurance.

Hush
« Seducer » 2013.
Estimation: 7 000 à 9 000 euros.
J’aime également les œuvres de Hush qui mélange habilement geishas, pochoirs, collages et graffitis. Ses geishas ressemblent, dans une version très contemporaine à ces anciennes poupées japonaises au teint éburnéen, aux cheveux de jais et aux lourds kimonos de brocards.
L’art urbain peut aussi avoir un côté ludique, amusant, utilisant tous les supports pour s’exprimer et nous faire regarder autrement les objets les plus ordinaires. C’est le cas de cette œuvre de C215. Il utilise une banale boîte aux lettres jaune de la poste pour y peindre une tête de minou étonné, comme sortant de son panier après la sieste à la recherche d’une caresse ou de croquettes à se mettre sous la dent.

C215
Sans titre (chats), 2013
Estimation: 8 000 à 12 000 euros.
Dans un genre bien différent, Artcurial propose plusieurs œuvres de l’américain Shepard Fairey. L’artiste est surtout connu depuis 2008 date à laquelle il a créé un poster « Hope » de Barack Obama, devenu une image symbolique de la campagne présidentielle. A Paris, il a réalisé une grande fresque sur le mur d’un immeuble du XIIIème arrondissement. Son style est un heureux mélange de Warhol et du graphisme des affiches des années 30-40 de l’ère soviétique. On s’en rend compte notamment dans le pochoir « The rebel waltz », représentation du leader des Clash, Joe Strummer.
Comme quoi sans être fan de Street Art, on peut tout de même apprécier certains artistes !

Shepard Fairey
« The rebel Waltz », 2011.
Estimation: 15 000 à 20 000 euros.
Artcurial « The beautiful winner », vente du 27 octobre à 20h, Exposition des œuvres du 22 au 26 octobre.
Copyright : Artcurial
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