
Agnolo Bronzino (1503-1572)
« Portrait de dame en rouge » 1532-1535
Francfort, Stadel Museum.
copyright: Stadel Museum-U Edelmann/artothek
Autorité, magnificence, apparat de cour et raffinement au service d’une famille, tels sont les qualificatifs qui viennent à l’esprit après la visite de l’exposition du musée Jacquemart-André consacré aux portraits à la cour des Médicis. L’essentiel des tableaux présentés viennent des grandes institutions muséales italiennes et retracent à travers le portrait la montée en puissance de la famille Médicis à Florence au XVIe siècle.
Tout commence en 1494 par l’exil de cette riche famille et l’arrivée au pouvoir de Savonarole. La rigueur devient la règle et les portraits de cette époque, sur un fond uni, présentent des personnages graves, concentrés dans des vêtements sobres et sombres.

Jacopo Pontormo (1494-1557)
« Portrait d’un joueur de luth », vers 1529-1530
Collection particulière
copyright: Eckart Lingenauber
Puis vient la période de la reconquête. Dans un tableau de Vasari, Alexandre de Médicis pose en armure, de profil, devant la ville de Florence affirmant ainsi son droit sur la cité. La pose est martiale et le portrait devient ainsi instrument de propagande au service d’une famille. Cosme Ier poursuit cette politique du portrait de pouvoir en faisant représenter Jean des Bandes Noires et lui-même en armure, fiers conquérants légitimant ainsi leur pouvoir sur Florence.

Agnolo Bronzino (1503-1572)
« Portrait d’Eléonore de Tolède », 1522
Prague Narodni Galerie
copyright: National gallery of Prague 2014.
Une fois les Médicis bien installés à Florence, le portrait change. En 1539, Cosme Ier a épousé Eléonore de Tolède scellant ainsi son alliance avec le tout puissant Charles Quint. Le portrait est alors la représentation d’un pouvoir reconnu et accepté. Les Médicis rivalisent alors avec les cours des grands monarques. Le faste transparait dans les représentations d’apparat du Bronzino ou de Pontormo. Les visages sont sereins, calmes. Les couleurs éclatent. Les costumes sont somptueux : lourdes étoffes brodées de fils d’or et de perles, bijoux dentelles et fourrures tout atteste d’une richesse assumée, signe d’un pouvoir presque absolu. Le plus beau portrait de cette remarquable exposition est, à mon sens, celui de la dame en rouge de Bronzino. Assise dans un fauteuil curule, un petit chien sur les genoux, un léger sourire aux lèvres, elle est perdue dans ses pensées et ses beaux yeux vagabondent au gré de son imagination.

Agnolo Bronzino (1503-1572) et atelier
« Portrait de Cosme Ier de Médicis », 1555-1565
Florence Istituti meseali della sopraintendenza speciale per il polo museale forientino, Galleria degli Uffizi.
copyright: SSPASAE
Ces portraits d’apparat seront désormais la règle non seulement chez les Médicis mais également chez les courtisans et la haute société. On y découvre un univers raffiné, une société courtoise dans laquelle les plaisirs de l’esprit, la lecture, la musique sont les signes d’une position sociale. Les deux portraits de joueurs de luth de Salviati et de Pontormo en témoignent. On touche ici au raffinement suprême de l’élite florentine du XVIe siècle.
Que cette exposition est belle !!!

Francesco Salviati
Portrait d’un joueur de luth
1529-1530
Musée Jacquemart-André-Institut de France
copyright: Jacquemart-André/studio Sébert
« Florence, portraits à la cour des Médicis », Musée Jacquemart-André, 158 boulevard Haussmann 75008 Paris.
Jusqu’au 25 janvier. Tous les jours de 10h à 18h, nocturne le lundi jusqu’à 20h30
Prix d’entrée : 12 euros.
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