
Henry Moret (1856-1913)
Les chaumes en Guidel, 1891
Stoppenbach et Delestre LTD
Soyons honnête. Il y a cinq ans, je n’aurais pas parié un kopeck sur la pérennité du Salon Paris Tableau qui tenait sa première édition au Palais Brongniart. Une vingtaine de galeries internationales y présentaient des oeuvres de maîtres anciens du XVe siècle au début du XIXe siècle dans une ambiance feutrée. A mon sens, il s’agissait d’une manifestation s’apparentant à un galop d’entraînement avant le must absolu du tableau ancien, la TEFAF de Maastricht.

Nicolas Colombel (1644-1717)
Mars et Vénus, vers 1695.
Galerie Leegenhoek.
Sa cinquième édition, du 11 au 15 novembre prouve que j’avais tort car chaque année, ce salon séduit, étonne au point qu’on attend avec une certaine impatience le mois de novembre pour s’y rendre. Cette année 25 galeries sont présentes et exposent des artistes allant du Moyen-Age à 1900. Cette incursion dans le XIXe siècle finissant et le début du XXe siècle est une nouveauté. Ainsi, pour la première fois, l’amateur côtoiera à Paris Tableau des vierges italiennes à fonds d’or de la galerie Moretti et des paysages lumineux de l’Ecole de Pont-Aven. Paris Tableau connait le même phénomène que le salon du dessin. La raréfaction des pièces anciennes de qualité oblige les galeries à découvrir de nouveaux horizons, de nouvelles écoles et de nouveaux artistes.

Frans Pourbus le Jeune (1569-1622)
Marguerite Gonzague, duchesse de Lorraine (1591-1632)
The Weiss Gallery
C’est justement tout l’intérêt de Paris Tableau que de proposer aux amateurs d’apprécier des artistes jusqu’alors délaissés. Car rappelons-le : mieux vaut acheter une œuvre majeure d’un artiste peu connu qu’un tableau médiocre d’une grande signature. Paris Tableau s’apparente ainsi à un parcours-découverte. A côté des célèbres et très onéreux védutistes italiens du XVIIIe siècle, on peut contempler des artistes néo-classiques du XIXe siècle qui en dehors de la Péninsule sont ignorés en France. La galerie Porcini permet également de découvrir des artistes caravagesques surprenants, aux œuvres sombres et puissantes. Chez Carlo Virgilio, un délicieux portrait d’enfants de Mengs permet d’apprécier un grand portraitiste du XVIIIe siècle qui, à l’époque était aussi recherché que Pompeo Batoni. Et l’on pourrait poursuivre ainsi à l’infini…

Emile Friant (1863-1932)
Autoportrait.
Agnews
Des grandes signatures, il y en a pourtant : Courbet et une magnifique « Vague » chez Cuéllar-Nathan, Brueghel le Jeune et une belle « Procession nuptiale » chez de Jonkheere, Hubert Robert chez Talabardon et Gautier, Pourbus à la galerie Weiss…
C’est ce mélange assez unique de grands noms et d’artistes plus confidentiels, qui donne à Paris Tableau sa raison d’être. Ce salon mérite sa place et tout amateur se doit d’y faire un tour et pourquoi pas d’acheter une oeuvre. Car les tableaux anciens restent bien plus accessibles que l’art moderne ou contemporain.
Alors un seul conseil : cap sur Paris Tableau.

Michelangleo Cerquozzi (1602-1660)
Le bon Larron.
Galerie Porcini
Paris Tableau 2015, du 11 au 15 novembre, Palais Brongniart, Place de la Bourse, 75002 Paris. Prix d’entrée : 15 euros.
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