
Groupe de la Flagellation
Ivoire sculpté, attribué au Maître du Martyre de saint Sébastien, Autriche, milieu du XVIIe siècle
(visage du Christ)
Estimation: 200 000 /300 000 euros.
La Contre-Réforme, dans sa volonté farouche de reconquérir les âmes égarées, cherchait à réglementer les canons artistiques et la représentation divine dans le but d’exalter la puissance retrouvée du Catholicisme. Les artistes sont amenés à représenter le martyre du Christ dans toute son horreur et sa force rédemptrice. Il faut marquer les esprits, affirmer le sacré de l’œuvre d’art au service de l’Eglise.

Groupe de la Flagellation
Vue d’ensemble.
Dans la vente Haute-Epoque qu’organise Artcurial le 17 décembre prochain, une œuvre apporte l’exemple éblouissant de cet esprit de la Contre-Réforme dans l’art. Il s’agit d’un exceptionnel groupe de la Flagellation en ivoire sculpté. Attribué au Maître du Martyre de Saint Sébastien, sculpteur d’ivoire autrichien resté anonyme, il date du milieu du XVIIe siècle.
Au centre le Christ est adossé à une colonne, les poignets liés dans le dos. Il ne cherche pas à esquiver le fouet des bourreaux mais se tient en contrapposto, une épaule en avant, le visage baissé. Les yeux mi-clos, ses traits sont nobles, sa souffrance contenue. Il semble presque indifférent à l’excitation des flagellateurs et aux aboiements du chien à ses pieds. Son corps est mince, élégant comme préservé de la cruauté des deux sbires.

Autre vision de la Flagellation
Les deux bourreaux, aux corps puissants, à la musculature tendue dans l’effort s’acharnent, l’un d’entre eux s’apprêtant à abattre le fouet sur Jésus alors que son congénère reprend son souffle et sa position pour mieux marquer de ses coups le corps encore lisse et sans stigmates du Christ. Leur visage est dur, grimaçant, presque simiesque, leur chevelure désordonnée.

Groupe de la Flagellation
Cette scène est admirable, d’une beauté stupéfiante. Tous les détails sont d’une précision étonnante : mèches des cheveux se détachant les unes des autres, plissés des vêtements des bourreaux et du perizonium du Christ donnant une impression de mouvements, veines gonflées de sang des bras des bourreaux… Tout est fait pour conforter dans sa foi celui qui contemple ce cruel spectacle.
Le socle en palissandre vient renforcer cette foi vibrante car les trois plaques d’ivoire se trouvant sur le devant représentent trois scène de la Passion : le Portement de croix, le Couronnement d’épines et l’Ecce Homo.

Groupe de la flagellation
L’art est ici le témoin du Christianisme et du Catholicisme triomphant.
Ce chef d’œuvre est estimé 200 000 à 300 000 euros
Vente Haute-Epoque, Piasa, 17 décembre, 17h. Exposition du 15 au 17 décembre.
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