
Ferdinand Hodler
« Le lac de Thoune et la chaîne du Stockhorn » 1904
Collection Christoph Blocher
Trois artistes (Hodler, Monet et Munch) de trois pays (Suisse, France et Norvège) mais qui ont peint à la même époque sont réunis au musée Marmottan pour une exposition baptisée « Peindre l’impossible ». Pourtant ils n’appartiennent pas au même mouvement pictural et ne se sont jamais croisés.
Mais ces peintres ont une chose en commun : leur recherche presque obsessionnelle de la représentation ce qu’il y a de plus fugace, de plus impalpable dans la nature: l’eau ou la neige, la lumière de la lune, du soleil ou de la pluie, les reflets des étoiles et des montagnes, l’intensité colorée des paysages…

Edvard Munch
« La pluie »,1902
Oslo, Nasjonalmuseet for kunst, arkitektur og design /photo Borre Hostland
Il ne s’agit pas tant de leur trouver des techniques ou des thèmes similaires, d’établir des correspondances entre leurs styles ou de se perdre dans des arguties d’historiens d’art mais plutôt de suivre leur travail et de contempler le résultat, des tableaux d’une éblouissante beauté dont la luminosité envahit les salles d’exposition du musée.

Claude Monet
« La barque » 1887
Musée Marmottan Monet
copyright the Bridgeman art library
Le suisse Ferdinand Hodler (1853-1918) s’obstine à étudier les contours des Alpes et leur masse imposante et déchiquetée face à la surface plane, lisse et reposante des lacs. Selon l’heure, le jour, la saison, le contraste est saisissant, quasi irréel. On imagine presque l’artiste suspendu dans les airs tel un oiseau de proie contemplant ces paysages et nous le suivons sans hésiter.

Ferdinand Hodler
« Le lac Léman vu de Chexbres » vers 1904
Collection Christoph Blocher
Claude Monet (1840-1926), quant à lui déclarait : « J’ai repris encore des choses impossibles à faire : de l’eau avec de l’herbe qui ondule dans le fond… c’est admirable à voir, mais c’est à rendre fou de vouloir faire ça ». Il affronte les intempéries pour représenter la neige au soleil. Il traque inlassablement, à toute heure du jour, les clapotis des fleuves, ruisseaux, canaux et étangs envahis par les arbres et les nymphéas. Les lignes, les couleurs de ses séries suivent l’incessante mobilité de la surface.

Edvard Munch
« Paysage de neige, Thuringe » 1906
Wuppertal Von der Heydt Museum
Photo Medienzentrum, Antje Zeis-Loi
Enfin, Edvard Munch (1863-1940) étudie la lumière si particulière du Nord, presque rasante. La nature est partout présente mais on ne sait jamais si elle est bienfaisante ou hostile à l’homme. Un soleil envahit la toile comme s’il allait enflammer la toile. La neige creuse des sillons dans les champs et fossilise la terre. La pluie immobilise deux jeunes filles sur une terrasse. C’est la nature qui domine et donne le tempo.

Claude Monet
« Paysage de Norvège, les maisons bleues » 1895
Musée Marmottan Monet Paris
copyright The Bridgeman Art Library
L’exposition est belle et permet de contempler des tableaux de Munch et d’Hodler venant de musées norvégiens et d’institutions suisses et qui ne reviendront pas de sitôt à Paris.
« Hodler, Monet, Munch, Peindre l’impossible », exposition au Musée Marmottant Monet, jusqu’au 22 janvier.
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