
Cachet en stéatite orné de dragons recherchant la perle sacrée.
Epoque Qianlong (1736-1795)
Prix: 21 000 000 euros
Vente Bergé, 14 décembre
La semaine des ventes asiatiques à Paris s’achève. Et les résultats sont éblouissants.
Quel petit objet de forme carrée (10,5 x10,5 cm), d’une hauteur de 9 centimètres, en stéatite beige et rouge dont la base est surmontée de neuf dragons lovés les uns contre les autres parmi des nuages peut-il atteindre la somme astronomique de 21 millions d’euros ? Il s’agit d’un cachet impérial d’époque Qianlong (1736-1795). Il n’a fallu qu’un quart d’heure de bataille dans une salle pleine à craquer de l’hôtel Drouot pour qu’un collectionneur chinois l’emporte. Cet objet précieux appartenait à la même famille depuis le XIXe siècle. C’est leur ancêtre, un jeune médecin de marine, qui l’avait ramené de ses périples en Chine. Ce cachet, un record mondial, était estimé 800 000 à 1 million d’euro par la maison de ventes Bergé. Il est vrai que jusqu’à présent aucun cachet impérial n’avait à Paris dépassé 1 million. Plus de 1 800 cachets auraient appartenu à l’empereur Qianlong, dont 700 ont disparu. Un millier d’entre eux sont conservés dans la Cité interdite. Régulièrement des cachets apparaissent sur le la marché. Ils varient par leur taille et leur forme. Les matériaux utilisés sont très divers : néphrite, bronze, bois, or, argent, pierres dures… La stéatite de notre cachet provient de la province de Fujian et de la ville de Shou Shan. Elle est considérée comme d’une grande préciosité et on la surnommait « l’empereur de pierre ». Les neuf dragons qui, parmi des nuages rouges, poursuivent la perle sacrée ont un fort pouvoir symbolique car ils représentent l’autorité impériale. Les côtés du cachet sont également ornés de kuilong, des dragons archaïques. Pour les sinologues, les cachets de l’empereur Qianlong ont une importance historique capitale car ils permettent d’authentifier les peintures et les calligraphies impériales. Ce qui pourrait en partie expliquer ce fabuleux résultat.

Statue de Guanyin
Bois polychrome et doré, dynastie Song (960-1279)
Prix: 5 170 500 euros
Vente Christie’s, 14 décembre
Chez Christie’s les surprises ont également été nombreuses. La vente totalise 26 millions d’euros et quatre lots ont dépassé un million d’euros. Parmi eux une magnifique statue de guanyin en bois polychrome et doré de la dynastie Song (960-1279). Le bodhisattva est assis la main droite posée sur son genou plié. Il est vêtu d’un dhoti à l’étoffe fine. Son torse est paré d’un précieux et grand collier. Son visage est d’une grande sérénité. Estimé 200 000 à 300 000 euros, cette image de perfection s’est envolée jusqu’à 5 170 500 euros.

coupe polylobée à glacure craquelée
Dynasties Yuan (1271-1368), Ming (1368-1644) ou plus tardif
Prix: 1 346 500 euros
vente Christie’s, 14 décembre
Résultat encore plus détonnant pour un boudha en bronze doré de la dynastie Liao (XIe siècle). Il est assis sur une base lotiforme. Lui aussi est richement vêtu et paré. Son visage est surmonté d’une tiare immense, impressionnante, abritant une image de Boudha. Estimé quant à lui 150 000 à 200 000 euros, il a réalisé 13 570 000 euros. C’est pour Christie’s le montant le plus élevé obtenu à Paris pour un objet d’art asiatique et le lot le plus cher de cette année 2016.

Animal fabuleux
jade jaune, dynastie Song (960- 1279) ou antérieur
Prix: 4 207 500 euros
Vente Sotheby’s, 15 décembre
Les céramiques n’étaient pas en reste. Le lot 70 de la vente était estimé 7 000 à 9 000 euros. Il s’agit d’une coupe en porcelaine gris bleu à glaçure craquelée. Sa datation n’est pas évidente. Selon le catalogue elle daterait de l’époque des dynasties Yuan (1271-1368) ou Ming (1368-1644) ou serait même plus tardive. Cette incertitude n’a pas dissuadé les enchérisseurs qui sont allés jusqu’à 1 346 500 euros pour l’emporter.

Boudha Vairocana en bronze doré
Dynastie Liao, XIe siècle
Prix: 13 570 000 euros
Vente Christie’s, 14 décembre
Un bol couvert de la dynastie Qing et d’époque Qianlong a également pulvérisé son estimation de 80 000 à 120 000 euros pour atteindre 1 922 500 euros. L’extérieur du bol est orné de deux cartouches. Sur l’un d’entre eux, trois lettrés s’adonnent à la cérémonie du thé dans un paysage lacustre planté d’arbres et de prunus en fleurs. L’autre contient un poème de l’empereur Qianlong. L’intérieur du bol et du couvercle est orné de chauves-souris en vol, symboles du bonheur. Le bol porte la marque de l’empereur Qianlong, toujours très recherchée par les amateurs.

Cachet en stéatite rouge d’époque Qianlong de la vente Bergé
Les dragons poursuivant la perle sacrée.
Enfin chez Sotheby’s, une petite sculpture (5cm) en jade jaune, estimée 100 000 à 150 000 euros, a fait l’objet d’une belle bataille d’enchères entre quinze enchérisseurs pour atteindre 4 207 500 euros. D’époque Song, elle représente un animal fabuleux. Il a l’allure d’un ours tout en étant doté de deux ailes et d’une corne proéminente. Il s’apparente aux créatures venant du monde des esprits qu’on trouve dans les sculptures de dynasties plus anciennes.
En deux jours, les 14 et 15 décembre, six objets ont ainsi changé de main pour un montant total d’un peu plus de 47,2 millions d’euros. S’il est une certitude c’est bien que malgré le ralentissement de leur économie, les riches chinois investissent dans l’art de leur pays et n’hésitent pas y engloutir des sommes fabuleuses.

Bol couvert en porcelaine de la famille rose
Dynastie Qing, époque Qianlong (1735-1796)
Prix: 1 922 500 euros
Vente Christie’s, 14 décembre
Copyright : Christie’s images limited 2016, Sotheby’s art digital studio, Bergé et associés
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