
Rembrandt
Autoportrait à la tête nue, 1633
Musée du Louvre
Rembrandt Van Rijn (1606-1669), plus connu sous son seul prénom Rembrandt est un exceptionnel peintre de l’intime.
Portraitiste, il va au-delà de la représentation scénarisée de ses modèles. Les visages expriment les attentes, les bonheurs et les tourments de leur âme. Dans ses nombreux autoportraits sans concession, il ne cherche pas à cacher les ravages de l’âge. D’un jeune homme au visage rond et lisse, on passe progressivement à l’artiste grossi par l’âge et l’abondance pour terminer sur le vieillard couperosé au gros nez, engoncé dans ses beaux habits. Sa peinture suivra, si l’on peut dire, une trajectoire similaire : fine et presque précieuse, elle deviendra au fur et à mesure des années plus empâtée, plus intense avec un parti pris d’inachevé qui donne à ses toiles une force extraordinaire, une beauté exceptionnelle.

Rembrandt
Le repas des pélerins d’Emmaüs, vers 1629
Musée Jacquemart-André
Peintre de scènes bibliques, il utilise le clair-obscur pour leur donner une intensité dramatique qui est d’autant plus grande que tout, dans le décor entourant les protagonistes, est simple et dépouillé.
Quant à ses dessins, la plume est rapide, le geste spontané, l’artiste cherchant à saisir au plus vite l’instant présent, le ressenti du moment.

Rembrandt
« Christ en croix » 1653, pointe-sèche 4e état
Fondation Custodia, collection Frits Lugt
Dans la rétrospective que le musée Jacquemart-André consacre à l’artiste, on retrouve, malgré un nombre restreint d’œuvres, tous les aspects de ce talent multiforme. Grâce à des prêts exceptionnels venant de l’Ermitage de Saint-Pétersbourg, du Metropolitan Museum de New York, de la National Gallery de Londres, du Rijksmuseum d’ Amsterdam, du Louvre ou du Kunsthistorisches Museum de Vienne, le visiteur suit la vie de Rembrandt dans ce qu’elle a de plus intime.
On peut ainsi contempler un magistral portrait de son épouse Saskia en Flore. Elle porte une couronne de roses, myositis, tulipes et soucis rouges. Vêtue à l’orientale, elle pose la main sur un ventre proéminent annonciateur d’un heureux événement. Le portrait de son fils Titus lisant est un témoignage saisissant d’amour paternel. Bien qu’absorbé par sa lecture, immobile, Titus semble plein de vie et d’énergie. La touche du peintre est plus douce, plus tendre qu’à l’habitude, les tonalités chaudes. On comprend alors mieux la douleur ravageuse qui envahira Rembrandt quand il perdra son fils une dizaine d’années plus tard. Le portrait de sa dernière compagne Hendrickje Stoffels est éminemment psychologique. Elle y apparaît comme une beauté simple, comme le pilier sur lequel, dans les moments difficiles, Rembrandt pouvait s’appuyer. Son étole de fourrure blanche magnifie la pâleur de son visage et la douceur de son regard. Là encore, l’amour transparaît dans la palette de l’artiste.

Rembrandt
Titus lisant, vers 1656-1658
Kunsthistorisches Museum, Vienne
Ses scènes religieuses sont intenses, puissantes et captivent le spectateur. C’est le cas du Christ en croix sur le Golgotha. Le rideau du temple s’est déchiré, l’obscurité envahit les cieux, Jésus est sur le point d’expirer. On retient son souffle devant la beauté sépulcrale de cette pointe-sèche. L’émotion est toute aussi intense devant les deux versions présentées du « Repas des pélerins d’Emmaüs », l’un de 1629, l’autre de 1648. Si l’on passe d’une œuvre caravagesque à une composition plus sage, plus classique, la lumière est, dans les deux œuvres, extraordinaire et l’œil se focalise sur les réactions des personnages.

Rembrandt
Portrait d’Hendrickje Stoffels, vers 1652-1656
National Gallery, Londres
On ressort de l’exposition ébloui et persuadé comme s’il en était besoin que Rembrandt est l’artiste majeur du Siècle d’Or hollandais.

Rembrandt
Le repas des pélerins d’Emmaüs, 1648
Musée du Louvre
Rembrandt intime, Musée jacquemart-André, 158 Bd Haussmann, 75 008 Paris, jusqu’au 23 janvier
copyright: RMN-Grand Palais musée du Louvre/ Hervé Lewandoski/ Adrien Didierjean. Musée Jacquemart-André-Institut de France/studio Sébert. National Gallery Londres. Fondation Custodia, collection Frits Lugt.
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