
Sonia Delaunay (1885-1979)
Rythme coloré
Gouache et crayon sur papier
Galerie Brame et Laurenceau
Après le dédale des allées de la Tefaf et ses 270 galeries, l’amateur passablement éreinté, mais non encore rassasié de trésors, a besoin de calme et de sérénité. C’est la raison pour laquelle, il se précipitera, comme chaque année à la même époque au salon du dessin. Il accueille cette année une quarantaine de galeries dans cette ambiance calme et réfléchie qui lui est propre. Le néophyte comme le spécialiste, conservateur ou collectionneur passionné, ont le temps de contempler, de s’instruire, de découvrir, de se renseigner et bien entendu d’acquérir.

Bernard Boutet de Monvel (1881-1949)
Vue de New York vers 1930
Mine de plomb
Galerie Terrades
Comme l’an dernier, le dessin ancien est moins présent. La raréfaction des belles feuilles l’explique en partie d’autant plus que les collectionneurs, à la différence de l’art contemporain, sont rarement des spéculateurs qui achètent pour vendre. Ils préfèrent conserver leurs œuvres mais les céder ne se conçoit qu’en cas d’absolue nécessité.

Charles Angrand (1854-1926)
Enfant lisant
Crayon Conté sur papier, vers1896-98
Eric Gillis Fine Art
Le XIXe siècle occupe donc avec le XXe siècle une bonne partie des cimaises. Et franchement, c’est un plaisir pour l’œil. Les grandes signatures abondent. La galerie de Bayser présente ainsi un dessin d’Ingres de toute beauté. Il s’agit d’une étude de Saint-François d’Assise pour les vitraux commandés à l’artiste par le roi Louis-Philippe et destinés à la chapelle Saint-Ferdinand à Neuilly. Nu, le corps vigoureux, les poings serrés, le visage levé vers le ciel le Saint semble implorer, demander l’aide du Seigneur. C’est une magnifique redécouverte, ce dessin ayant pendant longtemps été attribué à une école allemande du XVIe siècle.

Théodore Géricault (1791-1824)
Chevaux de ferme
Plume et encre brune, lavis gris
Arnoldi-Livie
On connait le goût de Picasso pour la femme. Pendant toute sa vie, il la peint, la dessine, la croque, sage, folle, sexy, provocante, endormie, élégamment vêtue ou nue. Reginart Collections propose ainsi une belle alanguie sur un tapis, les jambes écartées, la poitrine généreuse, les lèvres rouges contemplant un pot de fleurs. Elle attend certainement l’homme qui sera capable de lui rendre les hommages qu’elle mérite !

Joan Miro (1893-1983)
Personnage, oiseaux, 1977
Gouache, crayon et pastel sur papier
Reginart Collections
La jeune femme de Berlin de Franz Skarbina est tout sauf provocante. Elle avance dans la rue tenant fermement son sac le visage légèrement baissé, presque boudeur. Sa mise est sobre. Elle porte une robe à carreaux, d’un tissu d’apparence assez modeste. Il s’agit certainement d’une personne de milieu simple car elle ne porte pas de chapeau, accessoire indispensable de toute femme « éduquée » de bonne famille.
Toute aussi réservée mais bien plus mystique est la Sainte Cécile de louis Janmot, un artiste aujourd’hui un peu délaissé. Le regard de notre Sainte est mélancolique et triste, la bouche serrée. Elle nous observe avec bienveillance.

Alexandre-Marie Colin (1798-1875)
Portrait d’un membre de la famille Decazes
Crayon noir, fusain et estompe
Galerie Jean François Baroni
Les portraits sont nombreux. L’un des plus séduisants est celui d’un beau jeune homme de la famille Decazes croqué par Alexandre-Marie Colin et présenté par la galerie Jean-François Baroni. Bien mis, bien coiffé, le visage lisse et encore un peu poupin, il est assis et se tient la tête d’une main. Dans l’autre, il semble avoir une missive. S’agirait-il d’un mot doux d’une belle ? On peut le penser à voir son expression romantique.

Jean Auguste Dominique Ingres (1780-1867)
Saint François d’Assise
Crayon noir sur papier beige
Galerie de Bayser
Signac disait de Charles Angrand que ses dessins étaient des chefs-d’œuvre. Ses crayons conté mêlent le blanc et le noir d’une façon incomparable au point de créer des effets de lumière étonnants. C’est le cas de ce petit garçon lisant exposé par Eric Gillis Fine Art. Il semble bien appliqué et doit certainement réviser sa leçon ou apprendre une poésie qu’il devra réciter le lendemain devant toute la classe. Cette scène est d’une grande tendresse et l’on imagine la mère du garçon fière de le voir si studieusement absorbé.

Franz Skarbina (1849-1910)
Jeune femme de Berlin, 1885
Crayon sur papier
Martin Moeller et Cie
L’an dernier, chez Sotheby’s, la vente Boutet de Monvel faisait un tabac. On retrouve avec plaisir cet artiste à la galerie Terrades. Il s’agit d’une vue d’un gratte-ciel de New York prise de la rue. On ressent la masse imposante, oppressante de l’immeuble qui écrase le piéton. Face à ces paysages urbains, l’homme n’est rien.

Pablo Picasso (1881-1973)
Femme et fleurs, 1971
Plume et crayon rouge sur papier
Reginart collections
Bien entendu, au salon du dessin, on trouve des grands classiques comme cette scène de Géricault chez Arnoldo-Livie. On y voit deux jeunes paysans avec des chevaux de trait. Harnachés, ils s’apprêtent à partir aux champs ou rejoignent l’écurie. Comme toujours chez Géricault, les chevaux sont magnifiques et l’on sent leur force et leur tranquillité.
La couleur éclate dans les feuilles de nombreux artistes du XXe siècle. Un projet de Sonia Delaunay pour un grand panneau exposé au XVe salon des Tuileries en 1938-1939 attire l’œil et nous envoûte par ses spirales primaires. Une gouache de Miro nous réjouit.

Louis Janmot (1814-1892)
Etude de Sainte-Cécile, 1839
Crayon noir et rehuats de craie blanche
Galerie Michel Descours
Courrez au salon du dessin. Vous vivrez un moment de grâce
Salon du dessin du 22 au 27 mars 2017, Palais Brongniart, Place de la Bourse.
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