
Marion Boehm
Thandi, 2017
Artco Gallery
Pour les mondains, les snobs de la culture, les ayatollahs de l’art contemporain inaccessible et incompréhensible, un seul salon à Paris mérite la visite : la Fiac. Il est vrai qu’on y fait toujours de belles découvertes et qu’on peut y apprécier tous les grands noms de l’art moderne et contemporain. Mais c’est oublier un peu vite qu’au printemps, une foire plus discrète, moins « paillettes » se tient également sous la verrière du Grand Palais. Le soir du vernissage, on y croise peu de visiteurs aux looks invraisemblables, de créatures sorties des pages mode de Vogue ou de hipsters branchés. Les amateurs sont plus sages et pourtant passionnés.

Werner Bischof
Meiji schrein Tokyo 1951
Bildhalle
Cette année Art Paris Art Fair réunit près de 140 galeries venues de 29 pays. Par rapport à sa grande sœur, elle a l’avantage de présenter beaucoup plus d’artistes moins connus dont les prix sont forcément plus accessibles.

Dalila Dalleas Bouzar
Série Soleman 2015
galerie Cécile Fakhoury
Bien évidemment, l’amateur qui souhaite investir des sommes coquettes trouvera son bonheur. Il pourra ainsi s’intéresser aux bronzes de Lynn Chadwick. Ils sont proposés chez Frans Jacob Fine Art à des prix compris entre 50 000 et 100 000 euros. Cet artiste anglais est génial avec ses personnages aux visages en forme de carrés, de triangles ou de rectangles. Il est aujourd’hui moins cher qu’Henry Moore et pourtant son génie est aussi grand.

Kim Simonsson
Sitting Moss boy 2016
galerie NEC, Nilsson et Chiglien
Plus accessible, les encres de Gao Xingjian, artiste défendu par la galerie Claude Bernard, font un tabac. Il y a deux ou trois ans, la quasi-totalité des pièces proposées par la galerie s’étaient vendues en moins de 48 heures. Elles dégagent une poésie rare propre à la méditation. Elles apaisent l’âme et vous transportent vers un ailleurs lointain.

Eria Sane Nsubuga
Passion du Christ 2016
Afriart gallery
Les paysages urbains de Dominique Corbasson nous ramènent à la réalité. Mais ses vues de New York sont colorées et joyeuses. Elles nous rendent optimistes et nous avons envie de nous balader le nez en l’air dans les rues de Big Apple, de manger un hot dog ou de parcourir Central Park tout en contemplant les immeubles cossus qui bordent le parc.

Dominique Corbasson
Strikely day, 2016
Huberty et Breyne gallery
Devant les vues du Japon de Werner Bischof on éprouve un sentiment d’immuabilité, de suspension du temps. On découvre l’éternité et la nécessité de renoncer à toute futilité. L’amateur redécouvre la spiritualité et devient contemplatif.

Medhi-Georges Lahlou
Equilibre aux tajines, 2012
Galerie Rabouan Moussion
Pour cette édition 2017, Art Paris Art Fair met l’accent sur l’Afrique. Près de 70 artistes venant de tout ce continent sont présentés. Leur créativité est extraordinaire et vous ferez de belles découvertes. Il ne faut pas hésiter à acheter ses artistes encore abordables mais dont la cote devrait grimper car certains d’entre eux bénéficient déjà d’une reconnaissance internationale. Vous faites un pari sur la hausse de leur cote mais c’est un peu comme pour ceux qui ont acheté il y a trente ans de l’art premier. Les prix étaient bas et aujourd’hui leur collection vaut vingt, trente ou quarante fois plus.

Gao Xingjian
La danse de l’esprit
Galerie Claude Bernard
Parmi les artistes à suivre, intéressez-vous à Omar Victor Diop et ses photos joyeuses et colorées qui figurent déjà dans de grandes collections. On se souvient de ses portraits optimistes des collaborateurs de Pernod Ricard présentés à Paris Photo. Dans un festival de couleurs vives, l’artiste sénégalais a immortalisé les collaborateurs africains du groupe, costumés par la styliste Selly Raby Kane. Ils sont tous fiers de poser, optimistes. Les photos de Diop s’apparentent à une bouffée de bonheur.

Lynn Chadwick
Couple assis, 1972
Frans Jacob Fine Art
Dans un style très différent, il ne faut pas manquer le sud-africain Mohau Modisakeng qui représentera son pays à la prochaine biennale de Venise et ses épreuves sombres et graphiques, Billie Sangewa et ses créations textiles, Romuald Hazamé et ses masques en matériaux de récupération, dénonciation ironique de notre monde en décomposition pollué par la surconsommation, les tableaux-affiches de Gareth Nyandoro qui sera exposé prochainement au Palais de Tokyo, ou les œuvres de Marion Boehm, allemande vivant en Afrique du Sud. Ses tableaux-collages sont un vibrant hommage de l’Occident à la beauté africaine. Ses personnages sont vêtus à l’occidentale et posent devant nous. A les regarder on pense immédiatement aux somptueux et solennels portraits Tudor, à Holbein et à Clouet.

Patrick Willocq
Epanza Makita Batwalé 2013
Galerie Baudoin Lebon
Il faut également découvrir les très originales sculptures de Medhi-Georges Lahlou, les œuvres d’Eria Sane Nsubuga, les créations de Patrick Willocq ou de Kime Simonsson aux coloris vitaminés, les portraits de Dalila Dalléas Bouzar ou les tableaux de Pilipili Mulongoy qui s’apparentent aux miniatures mogholes.
Bonne visite.
Art Paris Art Fair, 30 mars-2 avril, Grand Palais
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