
Pedro AH Paixao
Petite couronne de diamant (Nina Simone in memoriam), 2015
Galeria 111
Depuis sa première édition en 2007, Drawing Now, le salon du dessin contemporain a pris de l’ampleur. Cette année, dans le bel espace du Carreau du Temple, il accueille 72 galeries dont certaines viennent pour la première fois. Seize pays sont représentés dont le Brésil, le Portugal, le Kenya, la Hongrie ou la Russie, Cet éclectisme géographique est un atout pour ce salon.

Thomas Lévy-Lasne
Fête n°76, 2016
Backslash gallery
Il y règne en effet une diversité foisonnante. On passe de dessins optimistes et joyeux aux couleurs vives à des représentations sombres, images de notre monde tourmenté. On navigue entre extrême sophistication des compositions et simplicité absolue de certaines feuilles, expression d’un art ascétique, quasiment désincarné. On hésite entre abstraction totale, représentations naïves ou créations presque baroques.
Sur chaque stand, notre vision du monde, par le prisme du dessin contemporain change. C’est assez stimulant de se confronter ainsi aux interprétations des artistes. Pour être honnête, il est difficile de faire un choix tant l’offre est diverse. Mais bon, voici une petite sélection pour vous mettre en appétit.

Till Freiwald
Stadt, 2016
Galerie Aeroplastics
La Galeria 111, du Portugal expose Pedro A H Paixao. Ce jeune artiste propose des dessins aux couleurs rouges qui envahissent toute la feuille. Son hommage à Nina Simone qui apparaît comme une souveraine, un peu à l’image de Victoria, impératrice des Indes, nous transporte vers l’époque lointaine des colonies. Mais avec ironie, la reine est noire et impose à notre monde occidental sa personnalité et ses origines.
L’œuvre de l’allemand Till Freiwald est bien différente. Il réalise des pastels immenses, d’une minutie extraordinaire, pour représenter des quartiers entiers Il est également l’auteur de grands portraits qui s’apparentent à des photos d’identité.

Leopold Strobl
Untitled, 2016
Galerie Gugging Nina Katschnig
Les aquarelles de Thomas Lévy-Lasne, images d’appartements remplis de fêtards fatigués ou joyeux, de tables couvertes de cendriers pleins, de bouteilles ou de canettes vides, de gobelets jonchant le sol sont d’un hyperréalisme total. Elles reflètent une jeune génération festive à l’excès et fragile.
Les images du kenyan Davis Thuku s’apparentent presque à de la BD avec un côté plus improvisé. On pourrait presque croire qu’il a trouvé son inspiration première chez les créateurs belges de la « ligne claire ». Mais il y apporte sa sensibilité africaine. Le résultat est étonnant et séduisant.

Stéphane Mandelbaum
Georges Dyer, 1981
Galerie Tristan
Avec l’autrichien Leopold Strobl et le belge Stéphane Mandelbaum, on retrouve une forme de classicisme, tendance de plus en plus présente dans la création contemporaine. Les paysages aux ciels verts, aux arbres nus de Leopold Strobl sont romantiques et tourmentés, dans la lignée des œuvres des grands peintres allemands du XIXe siècle. Même si ces études sont de petite dimension, de la taille d’une carte postale, on se perd dans ses forêts avec un délicieux frisson d’inquiétude comme si l’on était le héros d’un roman gothique. Rien de tel chez Stéphane Mandelbaum. Mort à 25 ans, tué par l’un de ses comparses à la suite du vol d’un faux Modigliani, ses portraits sont dans la lignée de Francis Bacon. Ils nous attirent et nous troublent, nous bouleversent et nous tourmentent.

David Thuku
Observer III (identity series) 2016
ARTlabAfrica
Mais il faut aussi contempler les oeuvres d’inspiration néo-classique de Jean-Marc Cerino, les paysages urbains de Frédéric Poincelet réalisés au stylo à bille, les créations à l’humour décalé de Glen Baxter, les animaux fantastiques et fantasmagoriques de Lionel Sabatté, les dessins délicats de nuées de papillons de Marianne Lang…
Un beau parcours à la découverte du dessin contemporain!
Drawing Now, Carreau du Temple, Paris 75 003, du 23 mars au 26 mars
Commentez cet article
Aucun commentaire