
Pieter Saenredam (1597-1665)
Le choeur de l’église Saint-Bavon à Haarlem, 1636
Fondation Custodia, Collection Frits Lugt
C’est certainement l’une des plus passionnantes expositions de ce printemps parisien pourtant riche en manifestations culturelles de grand intérêt. Si vous fuyez comme la peste les files interminables et le processus ubuesque de réservation des tickets mis en place par le musée du Louvre pour espérer approcher des Vermeer exposés sous la pyramide, je vous recommande vivement de retrouver les peintres du Siècle d’or hollandais dans un endroit autrement plus calme et serein.

Pieter Saenredam (1597-1665)
Le choeur de l’église Saint-bavon à Haarlem, 1636
Noord-Hollands Archief, Kennemer Atlas, Haarlem
Jusqu’au 7 mai prochain, la fondation Custodia qui occupe un bel hôtel particulier proche de l’Assemblée Nationale, accueille une merveilleuse exposition baptisée « Du dessin au tableau au siècle de Rembrandt ». Il s’agit de confronter les tableaux de maîtres hollandais avec leurs dessins préparatoires. Le propos est passionnant. Avec près de vingt-cinq tableaux et cent dessins, le visiteur peut ainsi apprécier les différentes méthodes de travail des artistes.

Rembrandt (1606-1669)
Saint-Jean Baptiste prêchant, 1634-1635
Staatliche Museen zu Berlin, Gemäldegalerie
On y voit des esquisses de paysages prises sur le vif et qui resserviront à l’artiste dans la tranquillité de son atelier, des études de personnages croqués dans les rues ou des tavernes et qui serviront de modèles à des scènes plus abouties, des dessins d’architecture notamment les intérieurs d’églises de Pieter Saenredam d’une beauté inégalable que l’artiste reprendra dans ses tableaux d’une rigueur monacale, des gouaches de tulipes qui serviront de modèles à de somptueux bouquets, des pierres noires représentant des vaches et des chevaux que l’on retrouvera ensuite dans de lumineuses scènes rurales…

Rembrandt (1606-1669)
Etude de scribes pour le « Saint Jean-Baptiste prêchant »
Staatliche Museen zu Berlin, Kupferstichkabinett
Le regard se perd également dans une vue extrêmement fouillée d’Amsterdam réalisée par Jacob van Ruisdael perché sur un échafaudage et qu’il reprendra dans un tableau de la vielle obscurcie par un immense ciel nuageux.

Jacob van Ruisdael (1628/29 -1682)
Panorama d’Amsterdam du port et de l’IJ, vers 1665-1670
Collection particulière en prêt à la National Gallery, Londres
On peut même contempler des dessins préparatoires de Rembrandt pour « Saint-Jean Baptiste prêchant ». Le maître, pour la réalisation de cette composition complexe, s’est astreint à rechercher les postures, l’expression des personnages, le plissé de leurs costumes dans des études préparatoires où apparait l’étourdissante virtuosité de sa plume.

Jacob van Ruisdael (1628-29-1682)
Vue d’Amsterdam et l’IJ, vers 1665
Rijksmuseum, Amsterdam
On comprend alors que la création artistique n’est jamais une facilité. Elle nécessite réflexion et étude afin d’aboutir à ces tableaux équilibrés, sereins, d’une beauté intemporelle, caractéristiques de l’école hollandaise. C’est la raison pour laquelle, aujourd’hui encore, à l’époque de la mondialisation et de l’image vite vue, vite consommée, nous éprouvons une telle attirance pour le Siècle d’Or hollandais.
« Du dessin au tableau au siècle de Rembrandt », exposition à la Fondation Custodia, 121 rue de Lille 75 007 Paris, jusqu’au 7 mai 2017
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